Aug 25, 2010

La Selenge lâche son étreinte


La rivière se métamorphose. En arrivant dans le delta de la Selenge, tout juste avant d'atteindre le lac Baïkal, les eaux se séparent en autant de petites rivières, multipliant les possibilités. Gauche ou droite? Nous prendrons cette fois la gauche; le courant y est plus fort.

En quelques kilomètres, les montagnes disparaissent et l'horizon s'aplanit. La végétation des rives se dégarnit; les arbres ont pour ainsi dire disparu de notre champ de vision. On zigzague entre les hautes herbes, les quenouilles et les nénuphars. À croire que nous ne sommes pas en Sibérie, mais plutôt en Alabama.

On croise à l'occasion de petites marinas où se reposent des chaloupes et des bateaux de pêche aux couleurs voyantes. Le retour des « passoires » nous replonge dans le passé, alors que nous étions sur la Eg, première rivière que nous avons pagayée.

Les vents aussi changent. Ça sent le grand large. Les petites brises maritimes intermittentes se transforment. Elles nous soufflent maintenant l'espoir d'atteindre sous peu cette mer intérieure dont nous avons tant entendu parler. À chaque nouveau virage, notre impatience augmente. Le chant des mouettes nous encourage à pagayer de plus belle.

Et voilà qu'au loin, une ouverture se crée. Le bleu de la rivière s'étend maintenant à l'horizon dans un scintillement éblouissant. Les rives qui nous bordaient jusqu'alors lâchent leurs étreintes... Nous sommes enfin arrivés.

Par Elsa Fortin-Pomerleau

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