Jun 19, 2010

Eric McNair-Landry Sets World Record!


Before heading to Mongolia and Russia on the Vada expedition, Eric squeezed in a 45-day expedition in Greenland. Along with his client Sebastian Copeland, the duo set out to do a 2’300km South to North crossing of Greenland.

Recently they just set a new world record: covering the longest distance ever by kite-ski in a 24-hour period, an impressive 595km!! Congrats to Eric and Sebastian!

Eric is now nearing the end of his time and Greenland. Once off the ice cap, he will fly directly to Mongolia to meet up with us to head of on another adventure.

Par Sarah McNair-Landry

From Moscow to Mongolia


Ulysse and Elsa have now left the country over two weeks ago, their first stop: Moscow. Short and sweet, they spent a night in the capital of Russia before boarding the Trans-Siberian Railroad, destination: Ulan Bator, Mongolia.

Designed after the Trans-Canadian Rail Road, it was completed in less than twenty year, becoming the longest railroad line in the world. The Trans-Siberian covers over 9300km, crossing over seven time zones and has over 990 train stations scattered along the railway line. The train departs for it’s long journey in Moscow, and does not rest till it reaches Vladivostok, located on the Pacific Ocean.

However after five days on the train, Elsa and Ulysse unloaded their bags and canoe paddles in Oulan-Bator. They finally set foot in the capital of Mongolia.

Ulysse and Elsa are now spending time discovering the capital city and starting preparations for our expedition. Fishing permits need to be acquired, Visa extensions requested, maps bought and laminated, not to mention food purchased and bought.

Par Sarah McNair-Landry

Jun 16, 2010

La yourte urbaine, une espèce en voie d'extinction

Il pleuvait lorsque, à Oulan-Bator, on est sorti du Transsibérien. Elsa et moi avions hâte de déposer notre équipement, de prendre une douche et de bouffer chaud.

L'appartement qu'on a loué se révèle être une espèce de gros bloc carré de béton aux murs extérieurs fissurés, plantés de fenêtres et balcons. Souvenirs de l'époque soviétique. L'intérieur n'en reste pas moins accueillant et fonctionnel: réfrigérateur, four, laveuse, bain, deux divans, lit, table, télé. C'est ici qu'on passera les prochaines semaines; c'est également ici que Sarah et Eric nous retrouveront avant la fin du mois.



Un matin.
5h AM.
Elsa dort toujours.
Je sors prendre l'air.

Je longe la première rue en direction opposée du centre-ville. Ma promenade m'amène dans un de ces îlots de gers (terme mongol pour désigner une yourte). Ici, il y a plusieurs de ces ghettos de cabanes de bois et de gers qui nous rappellent qu'Oulan-Bator est – avant d'être une métropole – une capitale en pleine transformation, en pleine crise d'adolescence municipale. Une ville où la tradition s'éclipse au profit d'une société de consommation.
Dans cette banlieue, des chiens errants aux poils longs et gommés se chamaillent. Des centaines de pigeons déjeunent en face d'un temple bouddhiste. Des sans-abris fouillent dans les poubelles. C'est sur une de ces rues de poussière que je fais la rencontre de Luya. L'homme de 56 ans se promène avec deux bidons vides.
Il se rend à une espèce de mini-caserne pour les remplir d'eau. On se salue; je l'aide autant que faire se peut. Il finit par m'inviter à déjeuner chez lui. Luya habite dans un ger planté au coeur du quartier.
En entrant, une vieille dame me fixe du regard. Elle ressemble à un bouddha de restaurant asiatique. Elle est ronde, joufflue et chauve. Son regard louche vers la droite. La mère de Luya a 95 ans; elle est pratiquement sourde et aveugle.
Ils sont trois à vivre dans ce qui a la grandeur de ma chambre à Montréal. À quelques mètres, une des filles de Luya dort dans un lit.

Un ger, c'est un petit bijou d'ergonomie. Au centre: un réchaud et une petite table. Autour: trois lits qui servent de sièges durant la journée, un réfrigérateur, un petite table avec un bouddha, des photos de famille, des chandelles et une télévision (qui nous permettra quelques minutes plus tard de regarder le Mondial ensemble).

Bref, pendant près de deux heures, Luya et moi échangeons sourires et signes. En étalant ses photos, il me raconte ses années dans l'armée mongole, la rencontre avec celle qui deviendra son épouse, le déménagement d'une de ses filles au Japon. Comme maigre propos, je dessine un canot sur une feuille et je lui montre sur une carte les rivières qui relient le lac Khovsgol au lac Baïkal.

C'est pour dire, l'instant d'un moment, j'oublie que je suis au coeur d'Oulan-Bator. Qu'à quelques mètres, ça fourmille de monde. Qu'une métropole se bâtit, là, à coups de marteau pilon et d'échafaudages. Que nos canots arrivent dans quelques jours de la Chine et que nous devons remplir de la paperasse pour les douanes. Que nous devons nous renseigner sur le prolongement de nos visas... et que d'ici une quinzaine d'années les gers comme celle de Luya risquent de disparaître de la ville au profit d'appartements bétonnés.
Par Ulysse Bergeron

Jun 14, 2010

Quelqu'un m'a dit qu'ils sacrifient des enfants...

Bernard est un Allemand d'origine roumaine, portrait craché de Johnny Knoxville, leader des Jackass. Grand, cheveux et yeux noirs, petite attitude désinvolte. Entre deux verres de whisky, il me balance: «Sais pas pour toi, mais moi, on m'avait raconté plein de trucs sur le Transsibérien. De quoi faire peur: vols, agressions, viols, batailles...»

Même son de cloche de mon côté, je dois avouer.

Le lendemain, en ouvrant mon livre, je tombe sur le passage d'un texte traitant des Samoyèdes, un peuple autochtone du Nord de la Sibérie qui vit toujours de chasse et de pêche. Une petite perle qui date du 14ième siècle – hymne à la peur de l'étranger – qui m'a fait sourire et m'a rappelé la discussion de la vieille avec Bernard.

Comme quoi plus ça change, plus c'est pareil :

«Au bord de la mer vivent les hommes samoyèdes (…). Ils mangent viande de renne et chair de poisson. Et ils se mangent aussi entre eux. Et lorsque surviennent des hôtes, ils sacrifient des enfants et les leur donnent à manger. Et lorsqu'un hôte meurt, ils le mangent au lieu de l'enterrer (…).

«(…) Dans cette contrée il est d'autres Samoyèdes. Pendant l'été ils vivent un mois dans l'eau de la mer. Et il est dans ce pays des hommes velus des pieds jusqu'au nombril... Il est d'autres Samoyèdes qui meurent lorsque vient l'hiver. Et qui revivent au retour du soleil. D'autres Samoyèdes ont des moeurs humaines mais la bouche entre les épaules, les yeux sur la poitrine.

«Ils mangent des têtes de rennes crues. Au-delà du grand fleuve Obi il est des Samoyèdes qui marchent sous la terre en s'éclairant jour et nuit avec du feu. Et lorsqu'ils sortent sur le lac, la lumière y est prodigieuse...»

Par Ulysse Bergeron