Sep 16, 2010

La route de l'eau

Nous venons d'atteindre la rivière Angara. Plus qu'une vingtaine de kilomètres avant la fin de l'expédition. Du lac Khovsgol au lac Baïkal, la route de l'eau que nous avons parcourue a changé de couleur et de personnalité. Retour sur les dernières semaines.

Il y a près de trois mois, nous donnions nos premiers coups de pagaies dans le lac Khovsgol, dont l'eau étonne par sa pureté. Turquoise et translucide, nous pouvions observer les profondeurs de ce lac sacré. Une eau cristalline et glaciale qui a supporté le poids de nos canots chargés à bloc ainsi que celui de notre excitation. L'équipe Vada voyait le jour.

De l'eau légère et tranquille de Khovsgol, nous sommes passés à celle tourmentée de la Eg. Impatiente, cette rivière serpente nerveusement les vallées mongoles. Son eau se faufile entre les arbres, se casse contre les rochers, se sépare en ruisseaux pour ne former qu'un seul cours d'eau quelques kilomètres plus loin. Je me souviens d'avoir vu des vaches, des chevaux, des yaks et des chèvres s'y abreuver. La Eg est une rivière sauvage, isolée du reste du monde.

En ce sens, elle contraste avec la Selenge, dans laquelle elle se jette. Le lit de cette autre rivière accueille une eau plutôt calme, épaisse, brouillée et sablonneuse. Elle semble prendre son temps; rien ne la presse. Elle a ce quelque chose de paresseux. Nous avons suivi son rythme en nous y laissant dériver de nombreuses heures.

Avec le lac Baïkal, j'ai eu l'impression de retourner à la case départ. L'eau du plus vieux et plus profond lac de la planète ressemble à la pureté de celle du Khovsgol. À la différence que le lac prend cette fois une dimension de mer intérieure. Tout y est plus grand que nature. L'horizon s'étend à perte de vue. Les montagnes aux cimes enneigées se dessinent au loin. Les vents du large peuvent façonner de fortes vagues en quelques heures. C'est un lac dont la puissance impressionne. Baïkal impose son humeur.

Les personnalités de ces cours d’eau ont coloré notre aventure. C'est avec elles que j'ai découvert le Nord de la Mongolie et la Sibérie. J'en parle maintenant comme s'il s'agissait de compagnons de voyages avec qui j'ai un jour partagé une direction commune... un bout de chemin.

Par Elsa Fortin-Pomerleau

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