Sep 10, 2010

Aux voleurs!

21h00. Eric, Sarah et moi sirotons un de nos habituels chocolat chaud vodka et profitons des dernières lueurs du jour. Ulysse dort déjà à poings fermés dans la tente. La soirée s’annonce tranquille? Pas tout-à-fait.

Une heure plus tard, blottie dans mon sac de couchage, j'entends des chuchotements, des pas, des déplacements de pierres. Ces bruits proviennent de la plage, là où on a laissé nos canots, nos pagaies et un baril étanche. Je tends l'oreille. Un canot se fait traîner sur les rochers... On nous vole!

J’alerte les autres. Aussitôt, on enfile des vêtements et on se précipite vers la plage. Constat: un des canots a disparu. Au loin, dans la noirceur, la silhouette de notre embarcation disparaît au large. On saute dans l'autre canot et une poursuite nocturne commence.

J'ai l'impression d'être dans un film d'action où les explosions sont remplacées par le silence de la nuit sibérienne. Comme dans Fast and Furious (Rapides et dangereux), on tente d'atteindre la vitesse maximale. Seule différence: notre nitro est remplacée par le jus de nos bras et nos embarcations ne dépassent pas les sept km/h. La scène me fait rire.

Bref, cinq minutes et on rattrape les trois voleurs. Ils se dirigent alors vers la berge et en voulant débarquer ils chavirent. Ils disparaissent dans les bois, trempés jusqu'aux os. On rejoint le canot et les pagaies sur le rivage, on rit un bon coup et on retourne au campement.

À notre retour, on constate l’absence d’un de nos deux barils. Ils l'avaient avec eux. Notre chasse aux voleurs nous a tellement emballé que ce détail nous avait échappé. Pertes enregistrées : un baril étanche et son harnais, notre nourriture, nos chaudrons et nos deux brûleurs. Rien qui soit indispensable ou irremplaçable.

Par Elsa Fortin-Pomerleau

1 comment:

Anonymous said...

Ho !!!
Bravo !!!
Moi qui croyais que votre récit de voyage se terminerait tout bonnement par la description de votre dernier soleil couchant, voilà que les événements vous amènent en pleine course-poursuite gagnée... non pas de haute lutte, mais plutôt facilement parce que vous êtes tellement entraînés. Ils n'avaient aucune chance de vous distancer.
Reste que vous avez entamé cette course sans savoir si les gens que vous poursuiviez étaient armés. Bien sûr, le moment n'était pas aux longues réflexions puisque que vous aviez besoin de ce canot. Et puis, vous appartenez à cette race de gens naturellement courageux qui interviennent instinctivement quand un besoin surgit: Probablement qu'un jour ou l'autre vous rendrez un grand service à quelqu'un qui sera en difficultés.
Heureusement, cette fois-ci, vous aviez affaire à des farfelus qui n'ont rien trouvé de mieux que de chavirer en accostant.
Bravo et merci pour le récit palpitant et... drôle.

Georges Tremblay