Aug 18, 2010

J'ai mal à mon russe


NOVOSSELENGINSK, SIBÉRIE – Le minuscule village de Novosselenginsk m'est apparu désert jusqu'à ce que cette femme pousse la porte de son izby, une cabane en bois rond aux fenêtres ornées d'un cadre de bois couleur bleu ciel. C'est avec une cigarette ancrée au coin des lèvres qu'elle m'a saluée. Ça y est, c'est le moment idéal pour engager ma première conversation... en russe!

Je me suis approchée d'elle avec l'intention de lui demander des indications pour nous rendre au marché le plus plus près, où nous pourrions nous procurer de la nourriture. Moi qui n'ai jamais parlé  russe, je lui ai lancé avec assurance ces quelques mots: «Priviet! Pajalsta, gdyé magazine?», soit «Salut! Désolée, où est l'épicerie?». Malgré mon accent de novice, elle m'a montré la direction à prendre.

Forte de ma victoire, je suis arrivée confiante au marché. Je me faufile alors parmi la foule qui se presse au comptoir et demande du sel à l'employée qui s'y trouve. Elle me regarde d'un drôle d'air. Je répète, sourire en coin. Même réponse. Le constat est frappant: impossible de me faire comprendre sans connaître les noms d'aliments ou les quantités. 

Contrairement à la Mongolie – où les gestes, les sourires ou les dessins remplaçaient souvent les mots –  il me semble plus difficile en Russie de communiquer avec les gens que nous croisons. Est-ce dû au fait qu'ils font moins de gestes pour expliquer leurs paroles? Ou bien est-ce parce qu'ils parlent tous naturellement très vite, me semble-t-il, sans remarquer notre visible incompréhension?

Quelque chose me dit de passer outre ces détails, car les rencontres n'en restent pas moins plaisantes que chez leur voisin du sud, et les poignées de main, cordiales. Pendant ma virée au marché, je me suis résolue à pointer à partir du comptoir ce que je veux retrouver dans mon assiette. C'est encore ce qu'il y avait de plus simple et de plus efficace.

Par Elsa Fortin-Pomerleau

No comments: