Jun 11, 2010

Bon baiser d'Asie

Transsibérien. Confinés à notre petite cabine, coincés entre nos bagages, nos rames et deux Russes plutôt silencieuses, Elsa et moi regardons les forêts de conifères et les collines qui défilent à la fenêtre. Au fil des kilomètres, ces collines vont se transformer en une chaîne de montagnes: l'Oural. Bienvenue en Asie.

Jour trois.
Je me réveille.
Il est 4:30 am.

Notre cabine commence à chlinguer: parfum de p'tits pieds, de dodo et de gouda qu'on devrait manger au PC. Dans le corridor du wagon, c'est le calme plat. Tout le monde dort. Quelques ronflements traversent les portes des cabines, fermées pour la plupart. Une ville apparaît à la fenêtre. Des usines soviétiques abandonnées se mélangent à de vieilles cabanes de bois à la solidité douteuse. Plus loin, quelques cheminées crachent une fumée grisâtre. Des chemins boueux et rues asphaltées se faufilent entre les bâtiments. Rapide coup d'oeil sur la mappe: nous sommes à Perm. Une ville comme on en croise des dizaines depuis le départ... Ville comme les autres? Pas tout-à-fait.


C'est ici – ou plutôt à peu près ici – que se dresse la frontière entre l'Europe et l'Asie. Une frontière approximative, sans douane, qui sert de ligne de flottaison continentale entre l'Occident et l'Orient. Pour ceux que ça intéresse, l'histoire veut que l'architecte du tsar Pierre le Grand (1672-1725), un certain Tatichtchev, ait décidé que les montagnes de l'Oural servent de frontière géographique entre les deux continents. Voilà pour le cours d'histoire 101... C'est donc avec un enthousiasme engourdi que je salue notre entrée en Asie et que je m'enfile un bout de fromage derrière la cravate... avant de m'étendre à nouveau sur la couchette. Par Ulysse Bergeron

Jun 10, 2010

Whisky et caramels

Cinq jours déjà que nous roulons sur ces rails qui s'étendent à perte de vue, nous frayant ainsi un chemin au travers d'un décor sorti tout droit de notre imaginaire. Le rythme apaisant des ballottements du train n'a plus de secret pour nous, ni les bruits et les craquements qui résonnent à l'intérieur de notre cabine.

Nous arrivons même à reconnaître les pas feutrés de la provodnitsa (hôtesse de train) qui, passant devant notre porte, ne manque pas de nous fusiller du regard, ce qui me rappelle chaque fois que pour certains, un sourire coûte parfois très cher à donner.

Cela dit, la générosité et l'hospitalité débordante des autres passagers, qu'ils soient russes, thaïlandais, allemands ou mongols, nous font vite oublier cette « Nice lady » et agrémentent joliment nos soirées à coup de whisky et de gin.

Même les enfants se mettent de la partie en troquant avec nous des caramels ou des crêpes sucrées achetées plus tôt, à prix modiques, à la babouchka (vieille dame) se tenant sur le quai d'une gare en attendant patiemment qu'un bec sucré se manifeste.

Toutefois, les choses étant ce qu'elles sont, chaque nouvel arrêt nous mène à des « au revoir » forcés et à des embrassades mais, et fort heureusement pour nous, présage aussi l'arrivée de nouveaux visages... Des visages qui, à leur tour, porteront l'histoire d'un voyage lointain dans une Sibérie tout aussi lointaine.

Par: Elsa Fortin-Pomerleau

Jun 7, 2010

Le grand départ en vidéo!

Voyez Elsa, Sarah et Ulysse se préparer pour la grande aventure! On s'ennuie déjà!

Jun 4, 2010

De Moscou à Oulan-Bator (partie 1)

En 1881, la compagnie Canadian Pacific débute la construction du Transcanadien. La ligne de chemin de fer relie Montréal aux provinces de l'Ouest. Le projet pharaonique découle de la promesse électorale du Parti conservateur de relier l'Ouest à l'Est. Histoire digne des minutes du patrimoine.

Le Transibérien, qui relie Moscou à Vladivostok, est pour ainsi dire le frère cadet du Transcanadien. Non seulement sa construction a débuté quelques années après celui-ci, mais elle en a été directement inspirée.

Pendant longtemps, le Transsibérien – à l'instar du Transcanadien – a été l'ultime preuve de l'unicité d'un pays multiethnique à l'étendue géographique qui dépasse l'entendement. En moins de 20 ans, la Russie a réussi le coup de maître de construire ce qui est aujourd'hui la plus longue ligne de chemin de fer au monde:

- 9300 kilomètres.
- 990 gares.
- 7 fuseaux horaires.

C'est ce chemin de fer qu'on empruntera dans quelques heures. Quatre jours de train pour rejoindre Oulan-Oude, une ville à l'est du lac Baïkal, en Sibérie. De là, on transfère nos bagages et nos petites personnes dans le Transmongolien afin de rejoindre Oulan-Bator, où nos canots nous attendent patiemment.

Par Ulysse Bergeron

Jun 3, 2010

Deux mulets à Moscou

Moscou.
Il est presque minuit. Elsa et moi, on est finalement arrivé dans le petit appartement que nous avons loué à proximité du centre-ville. Un petit refuge – rénové, propre et coquet – qui contraste avec l'ascenseur lugubre et crasseux qui nous y mène. À se demander s'il est capable de nous supporter, s'il ne rend pas l'âme. Enfin.

Aussitôt arrivés, on a transformé le salon qui nous sert de chambre en quartier général. On y a déballé l'équipement qu'on a traîné sur nos épaules toute la soirée à travers la ville: deux « dry bags » bourrés de vêtements personnels, cinq pagaies, une valise étanche Nanuk (contenant un ordinateur, un appareil photo, une caméra vidéo, des batteries et tous les fils qui viennent avec ça), un baril étanche rempli de stock de canots. Deux mulets à Moscou.

Pour le reste de l'équipement de l'expédition, c'est Sarah qui s'en occupe. Elle l'apportera par avion lorsqu'elle nous rejoindra dans deux semaines à Oulan-Bator.

Donc, Moscou. Il est presque minuit. Elsa et moi partons nous promener quelques minutes sur le bord de la Moscovia, question de respirer autre chose que l'air climatisé qui nous a servi de poumons artificiels au fil des vols et des aéroports. Après notre petite promenade, on saute dans le lit pour un dodo bien mérité.

Demain, on quitte pour Oulan-Bator.
Le Transsibérien nous attend.
Cinq jours de train avant de rejoindre la capitale mongole.

Par Ulysse Bergeron