Ce matin, j'ai rêvé à mes pantoufles. À peine la tente dézippée qu'un vent froid se glisse à l'intérieur. Pas le choix: je troque mes shorts et mon t-shirt pour un pantalon, un manteau et une tuque. Dehors, Elsa et Eric sont penchés au-dessus du feu; ils préparent le café. L'automne a fini de cogner à notre porte : il s'est carrément invité dans l'expédition.
Mi-septembre. Ce n'est pas le festival des couleurs, mais le vert des arbres a perdu de sa vigueur. Les collines et les falaises de la côte ouest du lac Baïkal se sont colorées d'un jaune pâle. Peu à peu. Sans qu'on l'ai remarqué. Un vent «plus froid que chaud» souffle sur le lac, ce qui ressemble davantage à l'idée qu'on s'était fait de la Sibérie.
Il n'y a pas que la température qui a changé. Depuis deux semaines, on a volontairement ralenti le rythme de l'expédition. On pagaie moins d'heures et on se permet des journées de relâche. Un luxe qu'on ne pouvait s'offrir en Mongolie. Les campements sont devenus autant d'aire de jeu: slackline, escalade, lecture à l'ombre d'un arbre, cueillette de framboises, marche sur la plage... C'est notre façon de profiter des derniers moments de l'expédition.
Par Ulysse Bergeron
Sep 16, 2010
La route de l'eau
Nous venons d'atteindre la rivière Angara. Plus qu'une vingtaine de kilomètres avant la fin de l'expédition. Du lac Khovsgol au lac Baïkal, la route de l'eau que nous avons parcourue a changé de couleur et de personnalité. Retour sur les dernières semaines.
Il y a près de trois mois, nous donnions nos premiers coups de pagaies dans le lac Khovsgol, dont l'eau étonne par sa pureté. Turquoise et translucide, nous pouvions observer les profondeurs de ce lac sacré. Une eau cristalline et glaciale qui a supporté le poids de nos canots chargés à bloc ainsi que celui de notre excitation. L'équipe Vada voyait le jour.
De l'eau légère et tranquille de Khovsgol, nous sommes passés à celle tourmentée de la Eg. Impatiente, cette rivière serpente nerveusement les vallées mongoles. Son eau se faufile entre les arbres, se casse contre les rochers, se sépare en ruisseaux pour ne former qu'un seul cours d'eau quelques kilomètres plus loin. Je me souviens d'avoir vu des vaches, des chevaux, des yaks et des chèvres s'y abreuver. La Eg est une rivière sauvage, isolée du reste du monde.
En ce sens, elle contraste avec la Selenge, dans laquelle elle se jette. Le lit de cette autre rivière accueille une eau plutôt calme, épaisse, brouillée et sablonneuse. Elle semble prendre son temps; rien ne la presse. Elle a ce quelque chose de paresseux. Nous avons suivi son rythme en nous y laissant dériver de nombreuses heures.
Avec le lac Baïkal, j'ai eu l'impression de retourner à la case départ. L'eau du plus vieux et plus profond lac de la planète ressemble à la pureté de celle du Khovsgol. À la différence que le lac prend cette fois une dimension de mer intérieure. Tout y est plus grand que nature. L'horizon s'étend à perte de vue. Les montagnes aux cimes enneigées se dessinent au loin. Les vents du large peuvent façonner de fortes vagues en quelques heures. C'est un lac dont la puissance impressionne. Baïkal impose son humeur.
Les personnalités de ces cours d’eau ont coloré notre aventure. C'est avec elles que j'ai découvert le Nord de la Mongolie et la Sibérie. J'en parle maintenant comme s'il s'agissait de compagnons de voyages avec qui j'ai un jour partagé une direction commune... un bout de chemin.
Par Elsa Fortin-Pomerleau
Il y a près de trois mois, nous donnions nos premiers coups de pagaies dans le lac Khovsgol, dont l'eau étonne par sa pureté. Turquoise et translucide, nous pouvions observer les profondeurs de ce lac sacré. Une eau cristalline et glaciale qui a supporté le poids de nos canots chargés à bloc ainsi que celui de notre excitation. L'équipe Vada voyait le jour.
De l'eau légère et tranquille de Khovsgol, nous sommes passés à celle tourmentée de la Eg. Impatiente, cette rivière serpente nerveusement les vallées mongoles. Son eau se faufile entre les arbres, se casse contre les rochers, se sépare en ruisseaux pour ne former qu'un seul cours d'eau quelques kilomètres plus loin. Je me souviens d'avoir vu des vaches, des chevaux, des yaks et des chèvres s'y abreuver. La Eg est une rivière sauvage, isolée du reste du monde.
En ce sens, elle contraste avec la Selenge, dans laquelle elle se jette. Le lit de cette autre rivière accueille une eau plutôt calme, épaisse, brouillée et sablonneuse. Elle semble prendre son temps; rien ne la presse. Elle a ce quelque chose de paresseux. Nous avons suivi son rythme en nous y laissant dériver de nombreuses heures.
Avec le lac Baïkal, j'ai eu l'impression de retourner à la case départ. L'eau du plus vieux et plus profond lac de la planète ressemble à la pureté de celle du Khovsgol. À la différence que le lac prend cette fois une dimension de mer intérieure. Tout y est plus grand que nature. L'horizon s'étend à perte de vue. Les montagnes aux cimes enneigées se dessinent au loin. Les vents du large peuvent façonner de fortes vagues en quelques heures. C'est un lac dont la puissance impressionne. Baïkal impose son humeur.
Les personnalités de ces cours d’eau ont coloré notre aventure. C'est avec elles que j'ai découvert le Nord de la Mongolie et la Sibérie. J'en parle maintenant comme s'il s'agissait de compagnons de voyages avec qui j'ai un jour partagé une direction commune... un bout de chemin.
Par Elsa Fortin-Pomerleau
Sep 15, 2010
A game to play in Russia
Months ago, when we started paddling the Eg River I began to carve a chess set and have been working on the pieces on and off since, often interrupted by the continuous cycle of carving and losing wooden spoons. The set is made of birch wood; one player’s pieces have been dyed pinkish-red using a slurry of crushed raspberries, the others retain their natural wood color. The first game of chess was played on a large birch stump on which we drew a checkered board. However subsequent games have been played on a checkered board of duck tape squares stuck to the back of our Nanook hard-case.
While I love chess, I was largely inspired to make the chess set because we were headed to Russia, which has a history of great chess players; Anatoly Karpov, Alexander Alekhine, Mikhail Botvinnik and most importantly Garry Kasparov who held the title of Undisputed World Chess Master from 1985 to 1993 and is often considered the world’s greatest chess player, alive or dead. In 2005 Kasparov announced his retirement from chess and is now taking part in Russian politics, becoming an influential critic of Putin’s politics. In September 2007 Kasparov announced that he would run for President of Russia, on behalf of the Other Russia coalition however he later withdrew as his organization was unable to achieve the proper qualifications required to enter the presidential race.
By Eric McNair-Landry
Sep 12, 2010
Les «p'tits plaisirs»
Enfin arrivés à la pointe sud du lac Baïkal. Nous changeons de cap pour nous diriger vers le nord. Plus que quelques jours avant de rejoindre Irkoutsk. Le soleil se couche plus tôt; les soirées et les nuits sont froides. L'automne frappe à la porte.
21h. Je quitte le feu de camp et entre dans la tente. D'un sac étanche, je sors quelques vêtements, dont une combinaison et un gilet de laine. Même si ces vêtements ne sont pas indispensables, personne n'aurait pu me convaincre de les laisser chez-moi. C'est mon pyjama! C'est mon petit «luxe perso» qui, par temps froid, m'assure un sommeil au chaud et au sec.
En mai dernier, avant de partir, j'ai effectué ma routine habituelle de sélection d'équipements. J'ai étalé les objets que je voulais apporter. Suivant un conseil d'un prof de plein air que j'ai connu, j'ai fait trois piles distinctes.
1- Les «Intouchables»: tout ce qui touche la sécurité, ainsi qu'une quantité minimale de vêtements, un sac de couchage, un brûleur, une tente, etc.
2- Les «Intermédiaires»: un deuxième chapeau trop grand mais hyper confortable, un gilet de coton qu'on porte depuis des années et qui nous est cher, un vingtième briquet qu'on finira par oublier dans le fond d'une poche.
3- Les «P'tits plaisirs»: des objets inutiles à l'accomplissement de l'expédition qui ne répondent qu'à un besoin personnel, précis et propre à chacun. Il peut s'agir d'une chaise pliante, d'un toutou porte-bonheur, d'un oreiller, d'un iPod ou d'un mini album photo.
Une fois les trois piles formées, il ne reste plus qu'à garder la première, éliminer la deuxième, et choisir UN élément de la troisième. Pour ma part, c'est mon pyjama en laine de mérinos.
Et les autres? Ulysse a apporté des livres dans lesquels il se réfugie à toute heure du jour et de la nuit. Eric a choisi un ensemble de couteaux pour métamorphoser les innombrables bouts de bois qu'il trouve ici et là. Sarah a traîné un appareil photo et une caméra vidéo afin de capturer les moments uniques. À chacun ses objets!
Par: Elsa Fortin-Pomerleau
21h. Je quitte le feu de camp et entre dans la tente. D'un sac étanche, je sors quelques vêtements, dont une combinaison et un gilet de laine. Même si ces vêtements ne sont pas indispensables, personne n'aurait pu me convaincre de les laisser chez-moi. C'est mon pyjama! C'est mon petit «luxe perso» qui, par temps froid, m'assure un sommeil au chaud et au sec.
En mai dernier, avant de partir, j'ai effectué ma routine habituelle de sélection d'équipements. J'ai étalé les objets que je voulais apporter. Suivant un conseil d'un prof de plein air que j'ai connu, j'ai fait trois piles distinctes.
1- Les «Intouchables»: tout ce qui touche la sécurité, ainsi qu'une quantité minimale de vêtements, un sac de couchage, un brûleur, une tente, etc.
2- Les «Intermédiaires»: un deuxième chapeau trop grand mais hyper confortable, un gilet de coton qu'on porte depuis des années et qui nous est cher, un vingtième briquet qu'on finira par oublier dans le fond d'une poche.
3- Les «P'tits plaisirs»: des objets inutiles à l'accomplissement de l'expédition qui ne répondent qu'à un besoin personnel, précis et propre à chacun. Il peut s'agir d'une chaise pliante, d'un toutou porte-bonheur, d'un oreiller, d'un iPod ou d'un mini album photo.
Une fois les trois piles formées, il ne reste plus qu'à garder la première, éliminer la deuxième, et choisir UN élément de la troisième. Pour ma part, c'est mon pyjama en laine de mérinos.
Et les autres? Ulysse a apporté des livres dans lesquels il se réfugie à toute heure du jour et de la nuit. Eric a choisi un ensemble de couteaux pour métamorphoser les innombrables bouts de bois qu'il trouve ici et là. Sarah a traîné un appareil photo et une caméra vidéo afin de capturer les moments uniques. À chacun ses objets!
Par: Elsa Fortin-Pomerleau
A tribute to Robert McNair, my Grandfather
No longer on the winding river which concealed and revealed a new landscape after every bend, the lake offers a monotony perfect to lose oneself in thought.
Many paddles strokes have been taken on this trip, yet looking back I can’t place the first time I dipped a paddle into the water. Both my parents were avid paddlers, but when I was young they made the move to Canada’s arctic. Over the years they hung up their paddles and embraced winter sports; dog sledding, skiing and kite skiing. We followed in their footsteps; my brother and I traveling the cold desolate parts of the world.
This summer however we left our ski’s behind for a three month canoe trip. Eric and I are the third generation of paddlers; it was my Grandfather, Robert McNair, who introduced paddling to our family, and I want to dedicate this blog to him and his love of the sport. He never taught my brother or I to paddle (sadly he passed away when we were both young) yet he shared his passion with many, spreading the sport through the Northeast States. He was instrumental in introducing white-water slalom racing in the States; running the first slalom in 1953, starting one of the first white-water schools in the United States, and also writing the canoe guide book: “Basic River Canoeing”.
An engineer by trade, he applied his knowledge of fluid dynamics to paddling. His paddling partner was also his partner in life; my Grandmother, Edie McNair, who can still be found in a canoe. Together they won the National Canoe Slalom Championships three times in the early 60’s. In the recent years he has been nominated for the White Water Hall of fame.
By Sarah McNair-Landry
Many paddles strokes have been taken on this trip, yet looking back I can’t place the first time I dipped a paddle into the water. Both my parents were avid paddlers, but when I was young they made the move to Canada’s arctic. Over the years they hung up their paddles and embraced winter sports; dog sledding, skiing and kite skiing. We followed in their footsteps; my brother and I traveling the cold desolate parts of the world.
This summer however we left our ski’s behind for a three month canoe trip. Eric and I are the third generation of paddlers; it was my Grandfather, Robert McNair, who introduced paddling to our family, and I want to dedicate this blog to him and his love of the sport. He never taught my brother or I to paddle (sadly he passed away when we were both young) yet he shared his passion with many, spreading the sport through the Northeast States. He was instrumental in introducing white-water slalom racing in the States; running the first slalom in 1953, starting one of the first white-water schools in the United States, and also writing the canoe guide book: “Basic River Canoeing”.
An engineer by trade, he applied his knowledge of fluid dynamics to paddling. His paddling partner was also his partner in life; my Grandmother, Edie McNair, who can still be found in a canoe. Together they won the National Canoe Slalom Championships three times in the early 60’s. In the recent years he has been nominated for the White Water Hall of fame.
By Sarah McNair-Landry
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